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HISTOIRE DE LA TAPISSERIE
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sous une forme saisissante dans un curieux Mémoire présenté, en 1777, par le magistrat de Bruxelles, en réponse aux demandes faites par le dernier des van der Borcht.
Voici le passage le plus important de cette pièce : « La décadence de la tapisserie est une suite nécessaire du changement qui, depuis un certain nombre d'années, s'est fait sentir clans nos goûts, dans nos fortunes et dans nos usages. Le luxe, qui a gagné tous les états, a étendu nos besoins sur trop d'objets différents pour qu'à l'exemple de nos aïeux,'qui, à deux ou trois chambres près, n'habitoient que les quatre murs, nous puissions encore songer à des meubles d'un si grand prix. La papeterie, d'ailleurs, jointe à une infinité de petits meubles, dont le bas prix et la variété infinie s'accommodent si bien aux besoins, aux caprices, à l'inconstance, aux goûts, à la fortune de tous les états, ont introduit une telle nécessité de varier ses meubles et d'en changer suivant les usages, que nos fortunes ne nous permettent plus de faire les frais de la tapisserie, au risque d'en voir disparaître la mode le lendemain. »
Ne croirait-on pas ces judicieuses réflexions écrites de nos jours? On ne saurait mieux dire pour expliquer la lutte désespérée des tapissiers contre les tyrannies de la mode et les revirements du goût. Ainsi les progrès réalisés par le xvme siècle dans l'impression des étoffes et la fabrication du papier peint avaient eu pour résultat imprévu de consommer la ruine de la belle industrie qui avait résisté pendant tant d'années à la misère et aux révolutions politiques. La tapisserie flamande avait vécu. Nous assisterons plus loin aux efforts tentés dans le cours de ce siècle pour restaurer en Belgique la fabrication de la haute et de la basse lice.
Au début du xviii0 siècle, à part quelques tentatives isolées et éphémères, il n'existait plus d'ateliers que dans quatre villes des Pays-Bas : Bruxelles, Audenarde, Tournai et Lille.
Le dernier tapissier d'Enghien, Nicolas van den Leen, travaillait encore en 1687. A cette époque, il restait seul. Ayant hérité de tous les biens de la corporation, il les donne à la confrérie de NotreDame et aux pauvres de la ville pour en jouir « jusques au temps du rétablissement du métier ». Cette hypothèse ne devait pas se réaliser. La donation de van den Leen est le dernier acte authentique qui fasse mention des ateliers d'Enghien.
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